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Google, c’était internet – the future of internet S01E01

Mis à jour le 08/06/2020

Il y a deux noms incontournables quand on pense à internet : Google et Facebook. Un moteur de recherche et un réseau social. En fin de compte, deux régies publicitaires avec le même business model : vendre du clic.

Souvent, Google est vu comme un monopole imperturbable. Ce n’est finalement qu’un moteur de recherche parmi tant d’autres, qui a percé à l’époque parce que plus performant que les autres. Mais aujourd’hui il faut bien avouer que la pertinence des différents moteurs de recherche est très proche et que le monopole de Google tient plus d’un réflexe de l’utilisateur, habitué également à son interface. Beaucoup ont découvert récemment les moteurs de recherche alternatifs. Certains moteurs mettent en avant le respect de la vie privée comme le français Qwant, mais aussi Duckduckgo, Startpage (qui se base sur les résultats de Google). Il y a bien sûr les concurrents commerciaux de Google que sont Microsoft avec Bing et Yahoo qui fait de la résistance. Mais cette liste, très incomplète, illustre une vision occidentale du secteur. Certes, Google maintient ses plus de 90 % de parts de marché dans le monde. Suivent derrière avec des miettes Bing, Yahoo, Baidu, Yandex et Duckduckgo. Mais il y a des marchés qui lui échappent. C’est le cas de la Russie, même si la situation est en train de changer. Le moteur de recherche russe Yandex possédait plus de 60 % de parts de marché il n’y a pas si longtemps. En 2017, sa part n’est plus que de 51%. La Chine, dont le marché intérieur va devenir un enjeu primordial pour toutes les multinationales, est la chasse gardée de Baidu, l’entreprise chinoise qui respecte à la lettre les recommandations du gouvernement et qui détient plus de 70 % de parts de marché et Google arrive 4e avec à peine plus de 2 %.

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Parts de marché des moteurs de recherche dans le monde (source illustration)

De plus, si l’on parle business, ces classements entre moteurs de recherches sont réducteurs. En effet, les concurrents de Google ne sont pas forcément les autres moteurs de recherche, mais les autres régies publicitaires. Le moteur de recherche n’étant qu’un bon moyen d’afficher efficacement des publicités, l’enregistrement de l’historique des recherches dans un profil utilisateur permettant d’afficher de la publicité pertinente ayant beaucoup plus de chances d’être cliquée (car l’annonceur ne paye que si sa publicité est cliquée, le clic « prouvant » en quelque sorte l’intérêt de l’utilisateur pour le produit ou le service montré dans l’annonce publicitaire. C’est le fondement de la publicité sur Google et toutes les régies publicitaires internet concurrentes et l’avantage décisif de la publicité internet sur les autres média qui ne peuvent que difficilement prouver leur impact sur le consommateur).

Donc Google doit se comparer non pas forcément aux autres moteurs de recherche, mais aux autres sites les plus consultés sur le net. Alors là encore, Google est champion, devant Youtube, un site qui lui appartient, et Facebook. Suivent Amazon (qui n’est pas dans le même business model), Yahoo et Wikipedia qui est une fondation (et qui attend vos dons d’ailleurs).  Alors je ne vous abreuverai pas des chiffres d’audience qui varient beaucoup selon les instituts qui les publient, mais les chiffres comptables eux ne mentent pas. Un chiffre d’affaires publicitaire de 24,8 milliards de dollars sur le trimestre, un bénéfice net de 6,7 milliards sur la même période. Sur l’année, la prévision est de 72 milliards de chiffre d’affaires en revenus publicitaires, en progression de plus de 15 %. Bref tout va bien pour Google.

Et pourtant, qui se souvient d’Infoseek, Altavista, Looksmart ? Ces moteurs de recherches antérieurs à Google. Ils ont tous eu leur heure de gloire et ont complètement disparus depuis. Pourquoi ? Et bien il suffit qu’un moteur de recherche réponde mieux aux attentes des utilisateurs pour qu’il supplante ses concurrents. Alors, même si Alphabet, la maison mère de Google, se diversifie, c’est son moteur de recherche qui lui procure la quasi totalité de ses revenus (Youtube étant à peine rentable, le cloud et les services tournés vers l’entreprise connectée ayant du mal à décoller, Amazon ayant pris une longueur d’avance sur le secteur notamment).

De plus, les bloqueurs de pubs ne sont plus utilisés que par les geeks, mais connaissent une forte progression ces derniers mois (36 % des internautes français les utilisent). C’est un réel problème pour Google qui ne peut aller à l’encontre de cette tendance et qui tente donc de l’accompagner, voire de s’en servir pour encore mieux maîtriser le secteur. Adblock Plus, qui est le bloqueur de publicités leader, discute avec les acteurs du marché depuis longtemps (un peu contraint il est vrai) et a mis au point des critères de publicités acceptables qu’il ne bloquera pas. Il faut aller dans les options de l’extension pour désactiver cette liste blanche. C’est sur cette même idée que les régies publicitaires, sous l’impulsion de Google, se réunissent à présent au sein de la Coalition For Better Ads où ils se mettent d’accord sur les critères d’annonces publicitaires acceptables. C’est sur ces critères que Google Chrome intégrera son propre bloqueur de pub en 2018, à l’instar du navigateur Opera, coupant l’herbe sous le pied des bloqueurs de pub historiques sous forme d’extension. Mais il y a fort à parier qu’il n’y aura pas d’option pour désactiver la liste blanche des publicités considérées comme acceptables par cette fameuse coalition.

Enfin, des moyens alternatifs de rémunération pour les éditeurs de sites internet commencent à apparaître. Bien sûr, il y a l’abonnement, mais je pense surtout au minage de cryptomonnaie par l’ordinateur de l’utilisateur qui visite un site au profit de l’éditeur de ce site.

Bref, le secteur est mouvant à présent et l’avenir incertain. D’ailleurs, c’est certainement pour mieux préparer cet avenir qu’Eric Schmidt, le Président d’Alphabet depuis 2001, va quitter ses fonctions en janvier 2018. Car si on lui doit la réussite commerciale insolente de Google, on a du mal à distinguer sa politique à long terme même s’il y a des investissements dans un peu tous les secteurs dits d’avenir (Big data, intelligence artificielle, voitures autonomes, réalité virtuelle ou augmentée …).

D’autant plus que Google a un adversaire de taille, qui lui, a depuis longtemps une stratégie à long terme qui pourrait porter ses fruits : à lire dans l’épisode 2 : Facebook, l’avenir d’internet ?

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